100 : une étape sur mon blog

J’ai ouvert ce blog il y a un an alors que je lisais « Green for Life » de Victoria Boutenko, avec la volonté de partager ce que j’avais appris au cours des trois années précédentes sur la toile anglo-saxonne et germanophone et lors de recherches sur les liens entre l’alimentation et la santé d’une part et l’alimentation et l’environnement d’autre part. Quelques semaines après son ouverture, je me suis demandé si je n’allais pas le fermer. A quoi servait d’écrire sans être lue ? Une dizaine de personnes passaient quotidiennement sur mon blog mais combien me lisaient vraiment ? Mais je me suis dit que si je ne contribuais à modifier l’alimentation ne serait-ce que d’une seule personne, alors cela aurait valu le coup de persévérer.

Aujourd’hui, j’ai rédigé plus de 100 articles, plus de 100 personnes me suivent et une cinquantaine de personnes passent quotidiennement sur mon blog. J’ai quelques lectrices fidèles que je salue et remercie particulièrement. Les rencontres que j’ai faites grâce à ce blog sont pour moi de précieux trésors.

Deux contradicteurs ont laissé un message, l’un pour me dire que mes poupées Waldorf sont « vraiment moche« , l’autre pour critiquer mon opinion sur un robot de traite que j’ai vu en démonstration. Cette critique était particulièrement intéressante car la personne a eu l’honnêteté de laisser son vrai nom et son adresse électronique professionnelle montrant qu’il travaille pour un des leaders sur le marché des robots de traite.

Les autres témoignages qui m’ont très particulièrement touchés sont les commentaires de Stéphanie, une ancienne travailleuse du monde de l’élevage. Pour ces gens, éleveurs et salariés du secteur agricole et des abattoirs qui souffrent quotidiennement pour que des gens avalent un morceau de viande sans penser à eux ni à l’animal qui se cache derrière, il me semble que mon blog vaut la peine d’être poursuivi.

Si je ne suis pas parvenue à écrire sur ce que j’avais découvert, j’essaie de partager ce que je vis. Car depuis l’ouverture de ce blog, je suis passée de l’autre côté du miroir. Pour être plus en accord avec mes convictions, j’ai changé de métier et celui-ci me permet d’entrer en contact avec les agriculteurs et les éleveurs. J’ai découvert que le monde agricole n’est pas aussi manichéen que les médias le laissent penser, fractionné qu’il serait entre les gentils bios et la vilaine agriculture conventionnelle. J’ai appris qu’il y a une forme d’agriculture biologique façon industrielle qui endommage les sols tandis que des agriculteurs sans label limitent le recours aux pesticides au strict minimum et veillent au maintien de la vie dans leur sol. Leurs produits, hélas, se retrouvent généralement mêlés sans distinction aucune avec ceux de leurs confrères qui n’auront pas fait les mêmes efforts. Au delà de la caution apportée ou non à l’essence de leur métier, j’éprouve par ailleurs une vive admiration et sympathie pour les agriculteurs. Le monde agricole présente une grande disparité. Mais globalement, ces gens sont des bosseurs et des entrepreneurs. Ils investissent, ils créent de l’activité, ils se débattent dans les procédures administratives. Ils représentent un maillon très dynamique de notre pays.

Je n’ai toujours pas eu la possibilité de pénétrer dans un élevage de porcs ou de volailles en batterie mais j’ai visité un petit atelier de veau d’engraissement (notez le terme « atelier » comme on dirait « atelier de mécanique »). J’ai vu à plusieurs reprises ces Holstein dont le physique hante mon esprit. Et souvent, par des discussions avec des professionnels ou en lisant des revues spécialisées, je me suis rendue compte que ce que j’avais lu était bien réel. Et c’est cela le pire : cheminer à travers les baraquements dans lesquels vivent des milliers de porcs, voir des conteneurs d’entrailles et d’os, savoir que cela est vrai mais trouver cela si incroyable et les autres trouvant cela si naturel que j’ai peur de finir par l’accepter à mon tour, comme ils le font déjà.

Alors j’ai décidé de continuer ce partage, pour contribuer à ce que les gens sachent, pour que personne ne s’habitue.

Pour finir sur une touche d’humour, je vous informe que mon deuxième enfant ne tétant plus depuis près de six mois, je suis dorénavant peut-être davantage « de chair et d’os » que « de chair et de lait ». Mais depuis ma performance d’il y a deux semaines, peut-être vais-je devenir « d’os et de muscle ». 🙂 Quoi qu’il en soit, toujours convaincue que le meilleur lait pour l’homme est celui de sa mère, je réponds présente pour partager sur les sujets qui me passionnent 🙂