Une journée ordinaire
Je suis passée sur la route. Il pleuvait. Elles étaient là, sous la pluie. Combien étaient-elles ? 200 ? 300 ? Sur une butte à l’herbe ratiboisée. A peu près autant de place que les touristes sur la plage de la Baule ou qu’une tente dans un camping landais en plein été. Des volailles de « plein air », certes mieux loties que des poules pondeuses en cage.
Je suis entrée dans un élevage de 300 vaches laitières et j’ai traversé un bâtiment de 150 vaches. Elles étaient paisibles, propres, enfermées toute l’année. Au bout du bâtiment, j’ai pataugé dans la merde. 300 vaches, 7.000 tonnes de merde à l’année.
A 300 mètres, se trouvaient des dizaines de poulets « labels ».
Des dizaines ou des centaines ? Enfermés dans un immense bâtiment.
300 vaches, 300 génisses et quelques veaux non pas avec leur mère mais enfermés dans un box avec leur seau de buvée. 300 hectares pour nourrir tout ce monde, dont 200 à 250 au moins qui pourraient servir à cultiver des plantes comestibles par l’homme. Dans l’agriculture française, certains se flattent de leur bel objectif de « nourrir l’humanité ». Plutôt que de nourrir des animaux, ne faudrait-il pas d’abord nourrir les hommes ?
Selon Bruno Parmentier, avec un hectare de bonne terre et des moyens techniques optimums, un agriculteur peut théoriquement nourrir toute l’année jusqu’à 30 personnes avec des légumes, des fruits, des céréales et des matières grasses végétales. Si l’on consacre cette surface à la production d’oeufs, de lait ou de viande, on ne nourrit plus que 5 à 10 personnes. (Nourrir l’humanité. Bruno Parmentier. 2007. Paris : Éditions La Découverte. 275 p.)
J’ai traversé le bâtiment en sens inverse. Une vache était isolée avec son veau. Pour combien de temps encore ?
J’ai ensuite eu la plus belle vision de la matinée. A un poteau était fixé une brosse rotative. Une vache était dessous. Elle se faisait brosser et avait le regard rieur et l’air détendu. Visiblement, c’était une expérience terriblement agréable. Je mets ci-dessous le même type de brosse que j’ai vu par un fabricant dont on voit la marque sur la photo. Comme vous l’avez remarqué, ce n’est pas mon habitude de vanter les produits à l’attention du monde de l’élevage mais je dois dire que j’ai trouvé celui-ci simple et génial. Sans compter que c’est un investissement qui ne rapporte pas grand chose à l’éleveur, si ce n’est le bien-être et le plaisir de ses bêtes.
L’après-midi je me suis rendue dans une entreprise utilisant des résines polyester. Cela faisait longtemps que je n’avais pas respiré de vapeurs de produits chimiques. J’ai humé en 30 minutes ma dose pour deux ans, en pensant à ceux qui y travaillent 220 jours par an.
Cela faisait très longtemps que je n’avais pas mis les pieds dans le rayon alimentation d’un hypermarché. J’ai traversé, effarée, celui d’un Super U. J’avais décidé de faire une raclette pour mes beaux-parents : cela fait des années maintenant que je leur concocte des plats végétariens et bizarrement, j’avais décidé pour ce soir de changer. Des cuisses, des filets, des escalopes, des steaks, des côtelettes, des langues, des morceaux transformés. Combien d’animaux morts pour alimenter ce rayon ? Maintenant, quand je vois tous ces morceaux de chair sous plastique, je vois en arrière-plan les animaux, la vie qu’ils ont eue, ce qu’ils ont mangé. De l’insémination à l’abattage à la chaîne en abattoir. Tout ça pour ça ? Rien que d’y penser, cela me donne envie de vomir. Je me suis pourtant résignée à acheter quatre tranches de jambon et huit de bacon, tout en pensant aux truies inséminées, à leurs porcelets qui les tètent tout en étant séparés de leurs mères par des barres de fer et aux porcs engraissés.
De retour à la maison, ma fille était surexcitée parce que j’avais achetée du jambon : « Mais tu n’achètes jamais de jambon ! »
« C’est vrai. Tu as raison. Mais ce soir, j’ai voulu faire plaisir à tes grands-parents. »
Bizarre.
Pendant la raclette, ma fille s’est exclamée : « Moi, je n’aime pas le jambon ! Je n’ai pas envie de tuer des animaux ! » Ma fille de quatre ans me sidère car elle a tout compris (par exemple que les veaux sont séparés de leur mère pour qu’on puisse avoir du lait) sans que je lui explique quoi que ce soit. Toutefois, elle a mordu dans un bout de jambon. Ma belle-mère s’est exclamée : « Moi, j’en mange par solidarité avec la Bretagne ! » Quant à moi, le modèle des porcs hors-sol n’est pas celui que j’ai envie d’encourager. Et ce que je préfère dans la raclette, c’est les noix et les raisins secs.
Et vous ? Comment faites-vous pour nourrir votre famille et vos invités ? Êtes-vous parvenus à faire du végétal systématique ? Personnellement, j’ai dû cuisiner 3 fois des produits animaux ces trois dernières années. Au baptême de mon fils, j’avais acheté un plateau de fromage mais tout le reste était végétal, de l’entrée au dessert.
Je suis preneuse de votre recette de raclette végétale. Jusqu’ici, je n’ai pas trouvé la recette qui me plaît.
Oui, je nourris ma famille sans acheter ni cuisiner de viandes ou produits laitiers, je ne fais un peu de viande que lorsque j’ai des invités pour ne pas leur imposer mon végétarisme… Et encore, 3 fois ou 4 en 4-5 ans? Mon secret, la cuisine indienne, goûteuse, mais LE mari regimbe parfois…
Autre problème, je le nourris assez bien, de façon équilibrée, mais il ruine cette hygiène de vie en fumant….
Lorsque j’ai des petits, j’essaie de leur faire ce qu’ils aiment, donc j’ai acheté du jambon pour faire plaisir à l’une, mais je connais aussi « une » petite fille qui m’a déclaré qu’elle ne mangeait pas les animaux; à moins de 5 ans, elle savait avoir une attitude ferme et respectable qui a fait toute mon admiration! Par solidarité avec les bretons qui polluent quand même « leurs » terres, je préfère manifester plutôt que manger leur nourriture bas de gamme; s’empoisonner par solidarité , c’est étrange….
J’ai écouté l’autre jour Franz Olivier Giesbert, très célèbre végétarien…
Enfin, un soir, j’ai vu dans un labo qui teste (en Bretagne, à Fougères) la qualité et l’origine des viandes et volailles..)Ils prélèvent une « carotte » (un comble!) dans la viande, la barbaque rouge, inflitrée de graisse et analysent le taux d’antibiotiques, beurk, je me dis que le soir, ils doivent pas trop avoir envie de cuisiner ce truc rouge saignant….
Bref, sur cet article, il ya aurait à dire…
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Il faut que je me renseigne sur Franz Olivier Giesbert ! A propos de végétariens célèbres, Al Gore est devenu végétalien. Après Clinton, cela fait des végétaliens de poids !
Encore un métier de la viande pas très ragoûtant. Tout ça pour mesurer le taux d’antibiotiques. Bon appétit !
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Comme tes témoignages sont précieux ! Merci pour ces partages !
Repas entre amis : pas de concessions 😉 Woui, je suis comme ça ! Quand nous recevons pour 1 repas, ou pour 1 ou 2 jours, je cuisine 100% végétalien. Pour ceux qui restent chez nous sur un plus long séjour, je programme des sorties au resto (dont notre p’tit resto où à la carte, il y a du bio, du végétalien, du végétarien, du carné qui satisfera tout le monde). Je n’ai reçu qu’un retour déplaisant : le mec de ma meilleure amie refuse de venir dîner à l’appart ! « Quel con ! » est ma seule réaction à chaque fois que j’y pense, car quand je vais chez eux, il y a absolument rien prévu pour moi, j’arrive avec mes Tupp !
Mes beaux parents ont la chance de pouvoir se fournir en œufs fermiers, genre 10 poules en plein air, dont les œufs sont donnés car la personne ne peut pas tous les manger ! Ils arrivent à la maison avec leur douzaine ! Lors de leur dernière visite, sur 3 jours, nous avons fait 5 repas végétaliens, un soir, où nous sommes rentrés trop tard pour cuisiner, j’ai fait une omelette de leurs œufs.
Car le secret pour cuisiner végétalien pour plusieurs personnes réside dans le temps et l’organisation : pas question de servir des plats cuisinés congelés, d’ouvrir un sous-vide ou de griller un steak ! Ce côté « pratique » me manque des fois, et mes solutions : soupe de lentilles corail au safran et éclats de châtaignes, et spaghetti à la crème de truffes en moins de 30mn ! Ça la pète suffisamment pour passer 😉
Sérieux, comment penser que je ferais plaisir à mes convives en leur servant de la merde, des cadavres empoisonnés, des antibiotiques, du cholestérol, etc. Je suis consciente que manger bio et végétalien fournit le meilleur à mon corps, puisque j’aime ma famille, mes amis, je ne peux que leur servir cette même alimentation saine !
BiZ
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Merci Natalie pour cette magnifique phrase :
Sérieux, comment penser que je ferais plaisir à mes convives en leur servant de la merde, des cadavres empoisonnés, des antibiotiques, du cholestérol, etc. Je suis consciente que manger bio et végétalien fournit le meilleur à mon corps, puisque j’aime ma famille, mes amis, je ne peux que leur servir cette même alimentation saine !
Chacun devrait se la garder en tête. C’est de toute façon ce que je pense au quotidien en cuisinant.
Il va falloir que j’aille chercher sur ton blog tes recettes de soupe de lentilles corail au safran et éclats de châteignes et spaghetti à la crème de truffes qui me mettent l’eau à la bouche !!!
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Merci !
J’ai listé mes achats cette semaine en pensant à ta question : http://lassiettevegetarienne.wordpress.com/2013/11/28/faire-lepicerie-16/
Nous recevons notre neveu de 13 ans 1/2 pour 10 jours. Comme ses parents il est omnivores, mais je ne veux pas lui cuisiner carné, mais je ne veux pas non plus trop bousculer ses habitudes alimentaires (sa mère fait des plats surgelés la semaine, son père cuisine de la viande, de la viande, de la viande le wk), j’ai donc acheter ses substituts de viandes et des préparations de burgers et falafels, pensant que ces 2 aides culinaires me permettront d’être plus disponible. Le tout est bio, ça c’était important !
Sans rapport avec sa venue, j’ai acheté la poudre de substitut œufs et j’ai été étonnée qu’elle ne soit pas bio… Mais comme je me suis rendue à cette épicerie pour cet achat, je l’ai prise… Pareil pour les PST, ce format là n’a pas le label « bio » alors que les formats « moyen » et « petit » de la même marque l’ont.
Bon wk,
BiZ
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Hello Natalie, oui tu as raison : ces substituts peuvent être une sacrée aide dans ces cas là. Toutefois je les trouve très difficilement chez moi. Par ailleurs, en ce qui me concerne, leurs ingrédients ne m’attirent pas vraiment…
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j’adore ,,et c’est bien la vie de tout les jours avec les commentaires de ceux qui n’ont rien compris ,mais bon que faire! si ce n’est de continuer?A EXPLIQUER!!!!!au secours .
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Chez nous, oui on cuisine 100% végétal, même quand on a des amis ou de la famille qui restent plusieurs jours. Mes parents ramènent juste un morceau de fromage pour eux. On fait surtout des plats nourrissants, qui plaisent bien aux omnivores: pâtes, pizzas, burgers, hachis parmentier, croque monsieur… Ensemble on va au resto végé, sinon quand ils sortent sans nous ils mangent bien sûr ce qu’ils veulent. Et personne ne s’est jamais plaint!
Je ne peux plus passer devant un rayon de « viande » sans avoir les mêmes pensées que toi, d’ailleurs j’évite.
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Et pour la raclette, on en a fait une au fromage végétal Melty de Vegusto: http://www.unmondevegan.com/fondant-petit-format-vegusto,fr,4,Vegusto405.cfm
Tu mets juste une pointe de couteau de margarine avec chaque tranche pour que ça fonde bien, un régal!
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Merci pour cette idée de Vegusto. J’ai testé un de leurs fromages et beaucoup aimé. Toutefois, les ingrédients ne me font pas super envie. Mais par rapport au lait, il y a l’exploitation animale en moins.
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Réponse à ton commentaire du 11 décembre 2013 à 09:33 :
2 ou 3 repas, j’ai eu à faire l’impasse sur des plats mijotés avec soin, et j’ai sorti ces substituts déjà cuisinés, mais avouons, ce n’était pas très bon ! Tu ne perds rien ! On va dire que ça permet de ne pas trop stresser en cuisine, que je ne me suis pas sentie coupable de servir ça, car c’était bio et vegan et occasionnels dans ma cuisine, et surtout parce qu’ils étaient servis à un ado pas très critique, plutôt passif face à son assiette.
A bientôt
BiZ
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